Avant-propos

La louange est à Allah, nous Le louons, implorons Son secours et Son pardon et Lui demandons de nous guider. Nous cherchons refuge auprès d’Allah contre les maux de nos âmes et nos mauvaises œuvres. Celui qu’Allah guide, nul ne peut l’égarer ; celui qu’Il égare, nul ne peut le guider. Je témoigne qu’il n’y a point de divinité digne d’adoration en dehors d’Allah, qui n’a pas d’associé, et je témoigne que Muhammad est Son serviteur et messager. Que la miséricorde et la paix soient sur lui, sur sa famille et ses compagnons jusqu'au Jour de la rétribution. Il est impératif d’accepter les préceptes de la religion sans y opposer la moindre résistance, conformément à cette parole d’Allah : « Prenez ce que le Messager vous donne ; et ce qu’Il vous interdit, abstenez-vous en ; et craignez Allah car Allah est dur en punition ». (59:7)

De même, il est obligatoire de suivre ces préceptes de la religion sans procéder au ijtihad (NDT : ijtihad : effort d’interprétation.) dans les domaines qui ne s’y prêtent pas, ainsi que l’indique cette injonction coranique : « Dis: “Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi, Allah vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés. Allah est Pardonneur et Miséricordieux ». (3:31)

Par ailleurs, le Messager a établi que quiconque refuse de suivre ce qu’il nous a transmis de la révélation adopte une attitude contraire à la foi. Il dit en effet : « Nul d’entre vous n’aura la foi [parfaite] tant que ses passions ne se conformeront pas à ce que j’ai apporté ».

Il est également impératif de ne pas introduire dans la religion ce qui n’en fait pas partie, ni le lui attribuer. C’est en effet un acte qui sème le trouble dans les esprits en ouvrant des voies différentes et divergentes, qui éloignent l’individu de celle que lui a tracée son Seigneur –le Très-glorieux et le Très-élevé- et le mènent en fin de compte vers le châtiment et le supplice d’Allah. Selon le Messager, « quiconque introduit dans notre religion ce qui n’en fait pas partie, verra son acte rejeté ». (Al Bukhari 2/959, hadith n° 2550.)

Or, bien qu’elles se réclament de l’islam, de nombreuses personnes accomplissent des actes qui, soit sont contraires à ce que prônent les enseignements de l’islam, soit constituent des innovations qui n’ont aucun fondement dans la religion. Cette pratique concerne essentiellement les actes d’adoration. Dans cette démarche qui est la leur, elles ne suivent que leurs passions et ce que leur dictent les âmes, qui sont particulièrement enclines à inciter au mal. Ces actes les rendent passibles du châtiment car Allah dit : « Ne vois-tu pas celui qui a fait de sa passion sa divinité ? Est-ce à toi d’être un garant pour lui ? ». (25:43)

Si les préjudices entraînés par ces transgressions et ces innovations dans la religion ne se limitaient qu’à l’individu qui les commet et n’affectaient personne d’autre, la situation serait moins grave –bien que déjà fort répréhensible en soi. Cependant, ces pratiques ont un impact sur d’autres musulmans, naïfs, qui en subissent l’influence ou les approuvent. Ces innovations sont comparables à une hache qui détruit la religion à long terme. Elles ont également un effet néfaste sur les non-musulmans ; en effet, lorsqu’ils voient les comportements et les agissements de ces prétendus musulmans, surtout en matière de pratiques cultuelles, et qu’ils constatent qu’ils sont contraires à la raison et contredisent la réalité du monothéisme pur et la nature saine, ils se prennent de dégoût pour l’islam et jugent qu’il fait partie de ces religions fondées sur les superstitions et les absurdités.

Les adeptes de ces transgressions et ces innovations peuvent être classés en trois catégories :

  • Première catégorie: Leur comportement peut s’expliquer de deux façons. La première est qu’ils sont ignorants en matière de religion, et c’est là une excuse que l’islam n’accepte pas : le remède de l’ignorance consiste à poser des questions, non à œuvrer selon la passion et les conjectures de l’esprit. Allah dit : « Demandez donc aux érudits du Livre, si vous ne savez pas ». (21:7)

    La seconde raison est qu’ils sont victimes d’une imitation aveugle et du suivisme des anciens. Leurs actes sont tout aussi condamnables dans ce cas. Allah dit à propos de ce genre de personnes : « Et quand on leur dit : “Suivez ce qu’Allah a fait descendre”, ils disent : “Nous suivons plutôt ce sur quoi nous avons trouvé nos ancêtres”. Est-ce donc même si le Diable les appelait au châtiment de la fournaise ! ». (31:21)

    Ces individus qui pratiquent des actes d’adoration contraires à ce qu’Allah a révélé sont dans l’égarement ; peu importe la quantité de leurs actes d’adoration, elle ne leur servira à rien. Il vaut mieux faire peu d’actes d’adoration mais les faire correctement, en suivant le modèle du Messager, que de multiplier les dévotions si celles-ci s’écartent de la Sunna du Prophète élu. Allah –le Très glorieux et le Très élevé- dit de ces gens : « préoccupés, harassés. Ils brûleront dans un Feu ardent ». (3-4)

  • Deuxième catégorie: Elle regroupe ceux qui convoitent ce bas monde et les intérêts matériels qu’ils tirent de l’ignorance des gens en matière de religion. Ils en profitent pour augmenter le nombre de leurs adeptes afin de réaliser leurs objectifs : obtenir un certain rang social et des biens matériels. Cette catégorie de gens est de toutes la plus éloignée de la religion. Il y en a qui passent pour des adeptes de l’islam alors que cette religion est innocente de leurs agissements. Ils ont revêtu l’islam d’un habit qui n’est pas le sien et ont altéré son charme et sa beauté avec leurs innovations. Le Messager dit à leur propos : « Le pire des hommes est celui exploite la religion pour parvenir à ses fins dans ce monde, le pire des hommes est celui qui corrompt la religion en y introduisant de l’ambiguïté ». (Al Moustadrak 4/351, n° 7885.) (NDT : Ce hadith est jugé faible par At-Tirmidzi et Al Albâny)

  • Troisième catégorie : Ce sont les ennemis de l’islam et ceux qui essaient de propager les innovations religieuses à tout prix afin de diviser la communauté islamique. Ils accordent un soutien matériel et moral illimité aux innovateurs afin qu’ils propagent ces aberrations et suscitent ainsi la naissance de groupes et de sectes opposés à la voie tracée par le Seigneur. Etant donné qu’ils n’ont pas un dogme correct et qu’ils ne suivent pas le droit chemin, ils vont en fin de compte entrer en conflit les uns contre les autres en raison de leurs divergences et de la multiplicité de leurs sources de référence. Ainsi, le résultat escompté par les ennemis de l’islam va se produire, c'est-à-dire qu’ils vont réussir à détourner des musulmans de leur religion et de leur croyance authentique, sans avoir à mobiliser beaucoup de moyens ni à prendre de grands risques. Les innovations font partie des ruses du Diable, c’est par ce genre d’inspirations maléfiques qu’il travestit aux yeux des gens leur religion afin de les en détourner complètement. Commentant cette parole d’Allah : « et ils ont dit : “N’abandonnez jamais vos divinités et n’abandonnez jamais Wadd, Suwaa, Yagout, Yaouq et Nasr » (71:23) , Ibn Abbas a dit:

    « Ces noms sont ceux d’hommes vertueux du peuple de Nouh (Noé). Lorsqu’ils passèrent de vie à trépas, le Diable insuffla à leur peuple l’idée d’ériger des statues dans les lieux de réunion où ils s’asseyaient et de leur donner des noms. Les gens obéirent et ces statues ne devinrent des objets d’adoration que lorsque cette génération eut péri et que la science fut perdue ». (Bukhari #4636)

    Concernant les étapes progressives qu’emprunte le Diable pour égarer l’individu et le pervertir, Ibn Al Qayyim a dit (Madaarij as-Saalikeen pg. 254-256.): 'Le Diable cherche à triompher du fils d’Adam en le conduisant vers l’un de ces sept écueils, les uns sont plus redoutables que les autres. Il n’abandonne un écueil pour un autre, dont l’importance est moindre, que lorsqu’il a été incapable de triompher de lui au premier. Ces écueils sont :

    • Le refus de croire en Allah, Sa religion, Sa rencontre, les attributs de Sa perfection, et en ce que le Messager a rapporté Le concernant. S’il triomphe de lui à ce niveau, le feu de son inimitié se refroidit et il se repose. Mais si l’homme réchappe de cet écueil, il le guette à l’écueil suivant.
    • L’innovation. Elle peut affecter la croyance au dogme authentique, tel que l’a révélé Allah à travers Son messager et Son livre, ou l’adoration, en instaurant des postures et pratiques qu’Allah n’a pas autorisées et dont Il n’accepte rien. Triompher de l’individu à ce stade est ce que Satan préfère. En effet, l’innovation contredit la religion et rejette la révélation. En outre, son adepte ne s’en repent pas et ne l’abandonne pas ; au contraire, il invite les gens à l’imiter. Cela revient aussi à dire des choses au nom d’Allah sans connaissance et manifeste une hostilité claire à la Sunna. Les petites innovations appellent les grandes jusqu'à ce que leur auteur sorte de la religion comme un brin de cheveu sort de la pâte. Aussi, les méfaits des innovations ne peuvent être appréhendés que par des gens perspicaces. Si l’individu réchappe de cet écueil, le Diable le guette à l’écueil suivant.
    • Les grands péchés. Le Diable triomphe de l’homme à ce niveau quand il lui embellit les grands péchés. Il est fréquent qu’il lui souffle à l’oreille cette phrase qui a détruit tant d’individus : « En présence du tawhid (NDT : Le tawhid c’est la pratique de l’unicité d’Allah dans Sa seigneurie, Son adoration, Ses noms et attributs.) les péchés ne nuisent pas, de la même manière que les bonnes actions ne sont d’aucune utilité en présence du chirk (NDT : Le chirk est l’opposé du tawhid, c’est le fait de vouer une adoration quelconque à un autre qu’Allah.)». (Ahmed #22860) Mais s’il réchappe de cet écueil, le Diable le guette à l’écueil suivant.
    • Les péchés véniels. Le Diable ne cessera de les minimiser à ses yeux en disant : 'Tu n’as pas à t’inquiéter des fautes légères si tu évites les plus grands péchés, ne sais-tu pas qu'elles sont expiées en évitant les grands péchés et en accomplissant les bonnes actions ?'. Tant et si bien que l’homme finit par s’y adonner, or à ce stade le grand pécheur repentant vaut mieux que lui. En effet, l’obstination dans le péché est pire que le péché lui-même. Il n’y a pas de grand péché en présence du repentir et de l’imploration du pardon et il n’y a pas de péché véniel en présence de l’obstination ». Le Prophète a dit : « Méfiez-vous des fautes légères, car la parabole des fautes légères est celles des gens qui sont descendus dans une vallée ; les uns et les autres ont apporté chacun une tige, jusqu'à ce qu’ils en aient assez pour cuire leur pain. Lorsque l’auteur des fautes vénielles est saisi pour ses fautes, elles l’anéantissent » . (Mousnad de l'imam Ahmad)

      S’il réchappe de cet écueil en se prémunissant contre le Diable, en persévérant dans le repentir et la demande du pardon et s’il fait suivre le péché par la bonne action, Satan le guettera à l’écueil suivant.
    • Les choses permises, ce sont celles que l’on peut faire sans encourir de reproche. L’individu va s’y adonner au lieu de multiplier les actes d’obéissance et de s’approvisionner pour l’au-delà. Puis Satan l’amène progressivement à abandonner les actes surérogatoires et de l’abandon des actes surérogatoires on passe à celui des obligations. Si l’homme réchappe de cet écueil, grâce à sa connaissance de la valeur des actes d’obéissance qu'il pratique abondamment, le Diable l’attendra à l’écueil suivant.
    • Les actes d’obéissance de moindre importance. Le Diable l’incite à les pratiquer, les rend plus méritoires et appréciables à ses yeux, focalise son attention sur leurs mérites et leurs bénéfices afin de le pousser à s’y consacrer au détriment de pratiques meilleures en terme de récompenses et de bénéfices. En effet, à défaut de le priver de la totalité des récompenses, il espère ainsi le priver tout au moins d’une partie et l’empêcher d’atteindre les rangs les plus élevés. Aussi, il le poussera à s’adonner à ce qui est moins méritoire au détriment des actes les plus appréciés d’Allah… Parmi les pires formes d’innovation inspirées par Satan, il y a le fait d’attribuer au messager d’Allah ce qu’il n’a pas dit. Ce dernier a sévèrement mis en garde contre une telle pratique : « Un mensonge proféré en mon nom n’est pas comme celui qu’on profère au nom d’une autre personne. Que celui qui ment sciemment en mon nom aille occuper son siège en Enfer ». (Bukhari 1229)
    • L’illustre compagnon du Prophète, Ibn Mass’oud a dit :« Suivez (plutôt) et n’innovez pas. Tout est déjà suffisant pour vous ». C’est une expression éloquente qu’il convient à toute personne douée de raison de méditer. En effet, les actes du Messager, ses paroles et approbations rapportés par des sources dignes de foi sont suffisamment fournis et ne laissent aucune place aux innovations et autres nouveautés en matière de religion. Le Prophète dit : « Chaque œuvre a une charra , et chaque charra a une fatra . Celui dont la fatra est vers ma Sunna est guidé et celui dont la fatra est ailleurs est égaré ». (Ibn Khuzaimah 2105)
  • L’islam, une religion complète ?

    Aucun musulman n’est censé ignorer que l’islam est une religion complète et parachevée, car Allah dit : « Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’islam comme religion pour vous » (4:3)

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    Introduire une nouveauté dans la législation d’Allah et de Son Messager : le jugement des savants

    Allah dit : « Non, mais quiconque soumet à Allah son être tout en faisant le bien, aura sa rétribution auprès de son Seigneur. Pour eux, nulle crainte, et ils ne seront point attristés ».

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    Qu’est ce que l’innovation ?

    La Sunna comprend le dogme et les pratiques du Messager et de ses Compagnons. Al Hâfidz Ibn Rajab –qu'Allah lui accorde la miséricorde- a dit : « La Sunna désigne la voie tracée, cela englobe donc le fait de se cramponner aux croyances, œuvres et paroles qui étaient celles du Prophète et de ses califes bien guidés, telle est la Sunna complète ». (Jâmi ‘ul Ouloum wal Hikam 1/120.)